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Souvenirs et faux souvenirs, pour une matière narrative

                                     

Ma démarche sculpturale repose essentiellement sur une relation directe à la matière. Elle est, dans une conception matérialiste du monde, notre premier rapport à l’autre, à l’extérieur et par effet de miroir, à nous. La matière dirige mes gestes, détermine mes choix et les outils me permettent, avec leur singularité, de modeler ces formes. C’est également à son contact, lors de recherches et d’explorations, que l’histoire se forme, que les souvenirs ressurgissent et nourrissent la narrativité de mes œuvres, leurs discours. Une forme en inspire une autre pour créer des ensembles, des séries, qui définissent par conséquent, ma démarche comme étant un processus de création continue.

 

Mes sculptures sont imprégnées de traces laissées par le passage de vies, inspirées d’éléments naturels ou encore d’objets réels transformés. Les souvenirs rencontrent la matière pour se muer en une forme sculpturale dont les lignes organiques reviennent de manière récurrente.

 

Entre histoire et fiction, mes sculptures jouent sur la potentielle véracité des références et des traces qu’elles aussi portent symboles du passage du temps et d’un morceau d’histoire. Vestiges ou fragments historiques, elles sèment une certaine ambiguïté sur leur nature et deviennent d’étranges artéfacts archéologiques parfois anachroniques ou décalés, voire incongrus et ironiques. Les œuvres parlent d’un milieu inconnu, d’une époque indéterminée, d’une intériorité au demeurant inaccessible.

 

L’intériorité est un concept qui m’intéresse et que j’essaie d’exploiter dans chacune de  mes sculptures. Qu’est ce qu’elles contiennent? Qu’est-ce qu’elles cachent ou retiennent et qu’est-ce que les indices laissés à la surface en révèlent-ils?

 

Ces traces de récits, de narrations ouvertes, d’hypothèses et d’histoires convoquent l’imagination du spectateur pour participer à la reconstitution d’une idée. Dans cette volonté de laisser au spectateur le soin de composer sa propre histoire, mes expositions présentent des pièces qui agissent les unes avec les autres comme des fragments qui, disposés avec soin dans l’espace, créent des ensembles poétiques et sensibles tout en restant dans la suggestion et les nuances.

 

Davantage que de lutter contre l’oubli, mes œuvres sont le rappel de la liberté de l’imagination qui exploite le temps et la matière comme support.

Oursin 2012

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